Les Poèmes de nos membres

 

Combustion

Par Albert Anor

il n’était plus lui
elle n’était pas celle qui lui avait dit oui

ils étaient doubles et n’étaient pas encore nous
inséparables ils ne formaient pas encore un tout
formes suspectes

ils étaient dans le centre décalé du rien
à la recherche d’un manque incommunicable et prégnant
certains d’échouer sur une plage inhospitalière
comme des cétacés égarés dans les courants hostiles

ils reviennent de là d’où ils sont partis
sans le savoir
pour se perdre dans les dédales d’une raison bridée
ils résistent à l’égarement auquel les condamne ce temps
pour plonger dans le langage des mots
faisant corps
pour sauvagement nager à contre courant
de la pensée rassurante
et se fondre dans un hors monde
où le désir les attire les attend
jusqu’à la dernière larme

ce sont les pétales de leur rêve qui nous nourrissent
en silence


Plume-de-poete.jpeg

Chaud du matin

Par Aline Dedeyan

Pluie et insomnie …
Café, croissant et
Elucubrations
Mamma mia… !

Don’t go away, babyPlease stay with me!
File le temps, Aux rythmes accélérés, insensés Du maintenant.
Plus vite que toi Que moi
Que les foules
Qui déambulent
Dans un univers écarlate
Surchargé et surmené
D’envies et de conflits
Inassouvis.

Si contradictoire, si incohérent, si disparate
Chaotique – disent-ils,
Provisoire – chantent-ils.
A travers les swings
D’une aventure océanique
Belle et perverse …
Darling, plus je te cherche
Plus t’es ailleurs,
En constante communication
Pendu aux surfers, aux buzzers
Aux écrans multi faces
A combattre l’hégémonie des voix sordides.
Obscurantistes et obèses,
Sans vérité bourrées d’antithèses.

Là-bas, en bas, en haut, aux extrémités,
Là où nuls sont les droits
Hiérarchisés,
Ficelés à des croyances tyranniques
Et des conceptuels archaïques,
Poussant vers des actes meurtriers…
Et toi qui te bats sans cesse

Surtout ne tombe pas honey,
Dans le grand fossé séparateur
Distendu de perdition.
Reste à bord,
Accroche-toi
Tiens bon la barre et regarde-moi
L’être fragile.
Hang on baby, hang on,
Ce n’est pas fini.


Bamba-Bakary-Jr..jpg

Je suis Poète

Par Bamba Bakary Jr.

Je suis poète donc j’écris
Car par la plume je suis
Et par ce puissant instrument
S’écouleront de mes veines des vers de sang

Je suis poète donc je saigne
Car sur chaque centimètre de feuille
Je voudrais imprimer ma douleur
Et dire à ce monde combien pleure mon cœur

Je suis poète donc je pleure
Et je voudrais que mes pleures viennent grossir le torrent amer
De larmes des indignés qui hurlent leur colère
Je suis poète donc je cris

Je cris en lieux et place des démunis
Des sans plumes et des sans voix
Qui se font rire au nez par les rois
Je suis poète donc je ris

Et mon rire nerveux est ce qui me reste comme réponse au cynisme de ce monde
Je suis poète donc je fuis
Car poète, je n’en demeure pas moins un homme, un lâche qui comme les autres détourne son regard

Je suis poète donc j’écris
Car par la plume je suis
Et par ce puissant instrument
Je sublimerais mon impuissance en glaive justicier

Je suis poète


Frank-Brigitte.jpeg

AU CŒUR DES ARTS

par Brigitte Frank

Il y a l’art d’aimer
Inspiré du Kâmasûtra
Des troubadours ou de Jésus
Il parle du corps à corps, du cœur à cœur,
De possession, de compassion
Du plus primaire au plus sublime
Ouvre les limites de l’être
Pour un autre peut-être

 Il y a l’art d’écrire
Construction, destruction, bagarre avec les mots
Qui se rebiffent, qui se déchirent
Et puis soudain prennent leur place
Pour dire les êtres et les rencontres
Qui font toute l’histoire humaine
Pour dire un ressenti profond
Slam des rues, musique poétique,
Roman ébouriffant qui nous emmène au loin.

 

Il y a l’art de tisser
Verticale de la chaîne
Tendue à sa juste valeur
Et passage de la trame
Un dessus, un dessous
Pour créer, secréter, composer
Au risque d’Arachnée
Cette matière nouvelle
Qui jaillit de tout âge
En nouveau paysage

 

 Il y a l’art de guérir
Quand une lame habile vient supprimer
Ce qui s’est ici développé
Comme un corps étranger
Quand une main se pose, chaleureuse
Soulage le mal qui taraude
Quand une envie de vivre remonte doucement
Et dit à l’être enfoui, tu vois, c’est bon devant.

Il y a l’art de méditer
S’arrêter, ne rien dire, se poser
Laisser venir le souffle
Inspire, j’accueille, expire, je lâche
Se relier au prâna qui imprègne tout l’être
Écouter chaque bruit, respirer les parfums
Accueillir sans juger,
Juste au présent, l’instant.


Il y a l’art de dessiner
Laisser aller son crayon
Et découvrir quelqu’un, quelque chose
Qu’on ne connaissait pas ou
Cerner à petits traits
Un profil, une main, une feuille
Pour rendre éternel
L’éphémère fragile

 

Il y a l’art de peindre
A grands coups de pinceaux
Rendre la vie en couleur ou en noir
Saisir l’insaisissable
Dire la profondeur de l’être
Ou même l’indicible
Dans des creux de lumière
Ou des coups de couteaux

 

Il y a l’art d’éduquer
Cadrer, former sans déformer.
Aider enfants ou jeunes gens
A saisir l’essentiel
Et en faire sa moelle.
Il y a l’art culinaire
Curiosité, patience,
Gourmandise, ténacité

 

Il y a l’art de l’esquive
Ne rien voir
Ne rien sentir
Ne rien vouloir
Comme un être blessé
Pour qui sortir de lui
Serait le premier des dangers

 

 Il y a l’art d’être soi
Sans masque, sans apprêt, sans ajout
Apprendre à s’aimer
À s’accepter, à se connaître
Dans son instant, dans son présent
L’essence de l’être sublimée,
Magnifiée jusqu’à son éternité

 

Dans tous ces arts
Il y a le savoir-faire
Et puis ce petit plus
Qui fait passer
De l’artisan à l’artiste
Graine d’innovation
Qui étonne et ravit à la fois
Comme une étoile venue d’ailleurs

 

Au cœur des arts
Se tient l’artiste
Témoin d’une tradition, celle d’hier
Faiseur d’innovation, celle de demain
Dressé comme un arbre
Aux racines profondes
Qui puisent loin sa source,
A la ramure qui grandit et respire
L’espace qui l’entoure
Sous le regard de l’autre,
Passionné ou passant.

 

Au cœur des arts
Se tient l’artiste
Et c’est bien


Gaillard-Sarron-Catherine.png

Quand les hommes sèmmeront

Par Catherine Gaillard-Saron

Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais semer sur les charniers
Des germes d’espérance et des graines d’amour ?
Les verra-t-on pleurer sur la chair et la Terre
Qu’ils massacrent, cruels, sans penser à demain ?
Verra-t-on refleurir arrosés de leurs larmes
Les fleurs et les sourires dans les champs dévastés ?

Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais s’aimer et s’écouter
Puis récolter les fruits de leur jardin commun ?
Les verra-t-on conscients de l’existence des femmes
Du pouvoir de l’amour et de leur don de vie ?
Les verra-t-on conscients que la Terre est leur mère
Que leurs mères sont leurs terres et que toutes elles les portent ?

Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres ils sèmeront l’amour
Où d’un élan commun ils sarcleront le sol
Arrachant les racines du mal et de la haine
Où conscients de la vie ils chériront les mères
Et planteront les graines de la paix de demain…

Quand les hommes sèmeront l’amour,
Ils s’aimeront les uns les autres…


Bilman-Emilie.jpeg

La fraîcheur sur l’archipel

Par Emilie Bilman

La barque se balance sur la houle
Au son de la brise tendre du sud.
Disque d’étain, la lune éparpille
Ses perles d’argent sur la baie d’ébène.

La barque oscille sur l’archipel,
Dentelé par l’air, la mer et le sel.
La lune scelle ses lamelles d’argent,
Aux crêtes des vagues, jumelles d’étoiles.

Au milieu de la mer nocturne,
Comme le goût de la menthe sur ma bouche,
Et mon foulard de soie dans la brise,
Sur la baie d’ébène, frémit la fraîcheur.


52B5EC8570F94301BD0EB67DB1889E63.jpeg

Je dors sans loyer

Par Emira Salihi

Le vieux crayon que je tiens en ma main guide
Ma patte scriptive
Jusqu’au lendemain
J’ai besoin de faire le vide sans anticiper la récidive.

Je ne dirai pas que je suis sans domicile fixe
Mais sans oxygène de cet être
Je ne connais plus ce qui me relaxe
La vie passe comme une gifle entre
Mes doigts.

L’honneur, la promesse, la douceur
Certains en sont insensibles
Qui as-tu devant toi ? Le cœur
Qui se déploie comme les ailes lisibles
De l’oiseau sauveur

De mes larmes, mais c’est humain.
Je ne suis pas en première ligne
Mais courage à vous qui l’êtes
Si le sentiment nous lie, faites moi un signe
J’en ai pas l’air mais j’aime ce grain.

Toucher-couler, l’eau dans ses profondeurs
Est à contempler dans toutes ses notes
Je passe ici et là ? Non, c’est bien ça le malaise…
Je passe là et ici, je suis la fille des bottes.

Je veux travailler pour servir les enfants,
Ils sont mon espoir, mon choix est diligent.


Francette-Penaud.jpeg

De mon cabanon

Par Francette Penaud

De mon Cabanon je m’émerveille
De voir butiner les abeilles
Dansant sur la sauge ciselée
Au chant des cigales sans pareille.
Séduisantes et jamais bousculées.

Les oisillons sur la treille
Sifflant pour les abeilles
Ne veulent pas s’envoler
De mon Cabanon


Perut-Galliano.png

Charme indiscret

Par Galliano Perut

Femme,
Sous votre charme intérieur empreint de beauté,
Parfois je me prends à rêver.
J’avoue m’égarer par moments
Dans vos yeux de printemps.
J’avoue que vos lèvres souriantes
Soulèvent en moi une douce tourmente.
Surtout pardonnez-moi.
Ne vous offensez pas
Si un sortilège s’est emparé de moi.
Mais que voulez-vous,
J’avoue
Aimer vos lectures, votre art et vos idées.
Votre pureté m’a désemparé.
Savez-vous pourquoi l’on aime?En votre présence
Je ne suis plus le même.


Reisch-Hyacinthe.png

Lettre

Par Hyacinthe Reisch

 

Écris-moi des mots, en lignes, des mots de lettres,

 

Des mots d’amour si beaux, où un S se mêlant

À un E se, se, se perdrait dans un élan,

Ne rencontrant jamais de si, jamais d’adieu.

Il faut un cœur pour lire derrière les yeux,

 

Pour apprendre que ce qui bat dans un sens, se

Débat souvent dans l’autre, cherchant l’encre, la lance

À fixer au cœur des mots, une fin en un point.

Écris-moi des mots, torturés de douceur, un

 

Feu de lettres brûlant d’amour, brûlant d’envies,

Où la cendre serait blanche, signe d’oubli.

Je veux te perdre, te retrouver dans une phrase,

Être l’E dans l’O près de toi, être le vase

 

Où s’épanouisse l’idée même de la vie,

Où fleurisse ta joie, fane la jalousie.

Merveille, une écriture détachée de tout,

Où la virgule souffle, respire pour nous ;

 

Où le point final débute une réflexion,

Un rêve, un espoir, simplement une trahison.

Écris-moi majuscule, comme tout début,

Bien ronde, bien faite, grande, mince et pointue ;

 

Accentue mes courbes, fais-moi belle à relire,

Et entre parenthèses, désire le pire...

 

Écris-moi ! Point, écris-moi ! Point te dis-je, écris-moi ! Point ce soir. Écris-moi Point.

 


Tchaptchet-Jean-Martin.jpeg

Le regard du poète

Par Jean-Martin Tchaptchet

Les rêves du poète percent les silences de l’univers.
Silence des ombres;
elles tournent sur la terre avec la terre.
Silence de la terre pleine de feu;
elle tourne sur elle-même d’orient en occident autour du soleil.
Elle nourrit le lait de la terre et la pluie du ciel.

Et le poète chante que l’univers est beau.

Le regard du poète brille sur les merveilles de notre planète;
merveilles des couleurs des soleils vifs couchant sur les mers et les monts;
merveille du cri de l’enfant naissant;
il annonce sa première victoire sur le silence et l’ignorance.
Il entonne en force sa longue partition de la vie.

Et le poète chante que notre planète est magie.

Les cœurs des poètes vibrent des souffrances des espoirs humains;
souffrances des enfants échappés des haines des amours déchirés;
espoirs qui sont des prières pour calmer les muscles rouillés
et dissiper les yeux qui scintillent.
Elles pansent par le verbe créateur de paradis.

Et le poète chante que les mains jointes sauvent.


Stroun-Linda.jpeg

L’étranger

Par Linda Stroun

Comme l’oiseau migrateur n’ayant pour richesse
Que l’élan vital et la force de ses ailes
Le migrant quitte son toit fuyant la détresse
Le cœur palpitant, moins confiant que l’hirondelle

D’où qu’il vienne au delà de mers ou de déserts
Le chemin de l’exil est parsemé d’écueils
Rescapé de guerre ou enfant de la misère
La terre promise est le pays qui l’accueille.

Il blondit ses cheveux, se peint les yeux d’azur
Masque son accent et déguise son allure
Parle avec fierté des ancêtres d’adoption
Croyant fermement à son assimilation.

A la nouvelle patrie il donne son cœur
Sa force, son travail et toute son ardeur
Quand il croit sa nouvelle identité forgée
On le pointe du doigt désignant …l’étranger.

Déçu dans son amour et doublement meurtri
Par deux fois orphelin d’une mère patrie.
Il sera désormais un arbre sans racines
Dans un jardin de roses aux longues épines.


Et SI...

  

Si l'on ne saisit pas ce train qui nous dépasse,

Si l'on ne frémit plus à nos fruits défendus...

 

Si l'on ne respire pas le souffle d'une terrasse,

Si l'on ne s'émeut plus de cette jupe fendue...

 

Si l'on ne frissonne pas au parfum des fugaces,

Si l'on ne saisit plus cette main à nous tendue...

 

Si l'on ne cueille pas les senteurs d'une grâce,

Si l'on referme la porte aux souvenirs éperdus...

 

Si l'on ne rassemble plus les quilles sur cette place,

Si l'on ne sourit pas à ce soleil pendu,

Sa larme ambrée qui coule aux volets d'une façade,

Son clin d'œil qui déroule de la vie les audaces...

 

De  celles que l'on regrette,

De celles qu'on a vécues,

De celles que l'on répète,

À plus soif, m'as-tu-vu...

 

Elle plante ses crocs dans l'âme,

La course du temps qui tue...

Sa vague déborde et coule

Sur les persiennes fendues...

 

Ourlets du cœur d'une dame,

Ses matins d'or déchues...

Schall-Nitza.jpeg

Quartier de lune

Par Nitza Schall

Quartier de pomme, quartier d’orange,
Plantes-y tes quenottes, mon ange.
Quartier de lune, duvet de plumes,
Sens-tu le soir qui nous parfume ?
Quartier de ville, quartier des champs,
C’est là que tu vivras cent ans.

Ton univers et tes amis,
Tu les rencontreras ici.
Tes premiers élans amoureux
Auront pour témoins ces doux lieux.
Le cœur battant, cheveux au vent,
Tu grandiras là, mon enfant.

Entre ces ruelles et ces champs,
Tu t’imprégneras chaque instant
Des arbres, des murs et des pierres,
Des chéneaux comme de la rivière,
Et dans un tourbillon d’envies,
Tu rempliras ces lieux de vie.

Quartier de pomme, quartier d’orange,
Plantes-y tes quenottes, mon ange.
Quartier de lune, duvet de plumes,
Sens-tu le soir qui nous parfume ?
Quartier de ville, quartier des champs,C’est là que tu vivras cent ans.


Chanez-Roger.jpeg

Léman

Par Roger Chanez

Sur tes rives vagabondes
Laissant un instant s’égarer mes yeux émerveillés,
Je surprends un vol de mouettes qui s’affrontent
Comme des perles blanches enivrées.
Elles jouent en symphonie sur les ondes
La musique des quatre saisons
Que mon coeur apprivoise en songes
Pour mieux comprendre la raison.Sur ce fond bleu de lapis-lazuli,
Quelques voiles blanches au loin se détachent
Pareilles à des éclats de roches cristallines.
Elles sont donc toujours là,
Les ballerines de mon enfance.


Cherelle-Yann.png

Improbable possible

Par Yann Cherelle

Jamais je n’ai été
Jamais je ne serai
Je ne suis que présent,
Éternellement.
Otage d’un instant
Qui se refuse à basculer
Dans l’oubli du passé
Ou à se projeter
Dans l’hypothèse du devenir,
La possibilité de l’avenir.
Sans hauteur
Sans largeur ni longueur
Impossible éclat de conscience
D’un moment qui déchire
La trame du temps.
Seul un éclair d’amour
Illumine le néant.
Transcendant sentiment
Qui rime avec toujours,
Scintillement d’une étoile
Qui de la nuit déchire le voile.
Quelques paroles de tendresse
Emplissent mon cœur d’allégresse.


Alors on danse!

Par Bluette Staeger

« Tu fais attention à l’âge des ans toi ? Non, mais je fais attention à l’âme des gens »  Jacques Dor

 

On danse ?

 

Avec nos têtes chiffonnées

Nos cheminements si diversifiés

Nos langueurs et nos inquiétudes

 

Avec nos rêves délavés

Qui souffrent au plus chaud de l’été

Pesant sur nos incertitudes

 

Avec nos douleurs en gravité

Nous tenant la nuit éveillées

Sans grande sollicitude

 

Avec nos membres ankylosés

D’une date limite dépassée       

Et si peu d’amplitude

 

Avec nos âges respectables

Nos digestions indomptables

Et la perte de nos aptitudes

 

Malgré ces nombreux aléas

Nous sommes statiquement là

Sans aigreur ni hébétude

 

Nous visons nos derniers jours

Dans une éternité d’amour

Tout en prenant de l’altitude

 

On rit, on chante et on bricole

On marche, on mange en camisole

Avant de perdre nos habitudes

 

On se promène sous la lune

Pour danser au-dessus des dunes

D’allégresse et de gratitude

 

On est vivant.e

Alors on danse !

 

Bluette (2023)

 


Chevaucher au soleil

Par Régina Joye

Deux renégats, deux amants, deux étrangers

Aux fauves cheveux dénoués, ceux de la reine infortunée et du chevalier errant

Qui ont tout perdu    Mais les routes sont dorées et derrière cette colline, là-bas au fond du ciel, il y a un avenir



Deux amis, deux apprentis, deux voyageurs

Il se peut que le désordre règne sur le monde et que Dieu soit impuissant    Mieux vaut chevaucher au soleil, mieux vaut longer les précipices…



Deux égarés, deux vagabonds, deux exilés

qui s'aimeront par monts et par vaux, pleureront des larmes de sang mais n'abandonneront jamais

Leur royaume est perdu, tout s’est écroulé ?    Mais à quoi bon s’obstiner dans une ville étouffée pleine de lépreux ? Mieux vaut laisser s’ébrécher les murs et que tous émigrent !



Deux fugitifs, deux ensorcelés, deux aventuriers...

Que le vent et le soleil aèrent les ruines

et qu’on traverse la mer

et il y aura, qui sait, des noces dans le désert et une allégresse qu’on n’aura jamais vue

 

 

 


À l’intérieur

Par Denis-Pierre Meyer

A l’intérieur de  mon jardin

J’aimerais cueillir l’espérance

Plutôt que le doute, l’errance

Ne serais-je qu’un baladin ?

 

L’amour a perdu sa fragrance

La fadeur de l’eau du boudin

Séduire sur un ton badin,

La flatterie avec outrance.

 

Pour ces gens-là, j’ai du dédain

Envers autrui, l’indifférence

Ils se moquent de la souffrance,

La courtisane et le gredin.

 

*

 

Ignorance et idolâtrie

Nids où se fomente le mal

Toi l’homme est le pire animal

Et coupable de fourberie.

Réseaux sociaux, c’est la furie

Non puni par un tribunal

Et vilipender, c’est normal

Trahir et tuer, barbarie !

 

 

 


Douceur étreinte

Par Blaise Oberson

Extrême inutile

Pour une goutte de naufrage 

Le vent grimpe sur un mur de répit

Et pénètre l’accalmie.

 

Heureux toi le silence 

Enveloppé à proximité d’une rivière tourmentée que rapportait un mage infidèle. Il couronnait le doux amalgame d’un passé périssable. Retournant la peur du devenir par une corolle effrontée, qui versait l’eau du repos dans son bol amer. La boisson était tâchée de petites lamyres tourbillonnantes. Je dirigeai alors ma main vers les berges du futur. Reconnaissant mon entrain et mon rire enfantin. 

 

Je revenais bientôt auprès des étables aux pourtours perclus. Là où la rue recueille les odeurs du jasmin. Barrières croisées le long des lampes fanées, je poussais les fleurs du lendemain. Ces morceaux d’étoffe dont les contours arrondis, embaumaient le soleil de cœurs opaques. 

Ô caresses contraires, noyées dans le bleu du ciel au bord de nos rives extrêmes.

 

Repérant ensuite la courbe d’une église attentive, je remontais vers un pâturage fatigué. Lys tremblotant, particules odorantes, quand l’espoir conduit nos pas près d’un lustre endormi, qui respire la lenteur du jour. 

Feu béni. Pour un espace d’abandon. 

 

J’aime le visage de l’alpage. Apercevoir les feuilles dans les bisses abandonnés. Lorsque l’eau déverse son passé aux côtés des flaques enjouées du bonheur d’antan. Le calme recueille l’impétueuse montée du rêve. Ce fracas d’eau qui éclabousse les pensées simples de nos ancêtres, tandis que le siècle somnole. Et que la vie bredouille. 

 

 

 

 


Pythonissie 2023

Par Raymond de Morawitz

Le soleil de l’aube offre un nouvel espace

Quand le carillon lève la porte du temps

La traînée impalpable du brouillard s’efface

La lumière y présage ses photons haletants

 

                   Au fond du paysage

                   les sommets joyeux se profilent

                   dans un ciel sans nuages

 

Délaissant rythme grave

Le coeur bat allégé

 

Battements soyeux

Le chemin aux contours en doux sortilèges

Caresse les pas tâtonnant les étoiles

Depuis toujours l’insigne privilège

Tisse du fonds des doigts  une vibrante toile

 

Le jour de lumière caresse, translucide

La nuit longue au sommeil étend l’oeil en myriade

Les parfums embaument de leur note l’air humide

Et flottent alentour délicieuse empoignade

 

                   Inexplicable union

                   des graines enlacées

                   croissance invétèrée

                   d’un bonheur en action

 

 Découverte

 Charmés par le chant des eaux

Les perce-neige inclinent leur corolle

Message immaculé au temps saisonnier

Rencontre impromptue de couleurs et de sons

Tout un charme joyeux pousse

 

 

* * * * *